Titre : Anthropologie
Auteur : Eric Chauvier
Éditeur : Allia, Paris
Paru le : 24 Août 2006
Thèmatique : Littérature Française
Éditeur : Allia, Paris
Reliure : Poche
Description : 144 pages (170 x 100 cm)
ISBN : 2844852270
Prix : 6.10 Eur
Eric Chauvier a 34 ans et vit à Bordeaux. Anthropologue, il travaille actuellement sur la perception des risques industriels. Il a publié deux ouvrages : Fiction familiale (Presses universitaires de Bordeaux, 2003) et Profession anthropologue (William Blake, 2004).
Mot de l’éditeur :
A mi-chemin du récit et de l’enquête de terrain, Anthropologie propose une investigation en creux, née de l’impression suscitée par le regard d’une jeune Rom qui s’adonne à la mendicité devant un centre commercial. Troublé par ce visage, qui éveille en lui toutes sortes d’interrogations, l’auteur évite d’abord la rencontre. Il se contente d’analyser les propos que tiennent ses proches au sujet de cette fille. Cette expérience lui semblant insuffisante, il décide finalement de rencontrer celle qui est à l’origine de son trouble. Mais elle disparaît justement à ce moment-là. Il tente alors de la retrouver et de percer le secret de cette figure devenue obsédante. Il se lance à la recherche de tous ceux qui ont pu la croiser et recueille leurs témoignages. Mais ces paroles fragmentaires, parfois contradictoires, ne lui permettent pas d’éclaircir le mystère. L’enquête ne peut cependant se réduire à un échec. Cette quête minutieuse, traque d’une absence, constitue un programme en soi, une discipline de vie, dont se dégage un tableau de la France contemporaine et de ses "exclus". Avec cet ouvrage, Eric Chauvier jette les bases d’une nouvelle façon de concevoir l’anthropologie, qui échappe à la froide analyse pour devenir littérature.
Extrait :
“J’ignore si elle est encore en vie. J’ignore comment elle a disparu. N’ayant pas trouvé de données tangibles à son sujet, pas de registres, pas d’archives, pas même de sources orales dignes de foi, je n’ai abouti qu’à des suppositions. Je n’ai pas trouvé de causes physiques à sa disparition, tel un réseau mafieux venu de l’Est, l’un de ceux qui ont occupé un temps les médias de ce pays.
J’ai d’abord pensé que ceux qui la croisaient au quotidien étaient responsables : ceux qui ne la voyaient pas, ceux qui en parlaient sans la voir, ceux qui la voyaient sans en parler.
Mais cette piste était inconséquente, parce qu’elle recouvrait une hypothèse que j’ai mis du temps à reconnaître et à accepter : la disparition de cette fille a été le fait de circonstances sur lesquelles j’ai pesé d’une façon regrettable. Celles-ci, une fois avouées, m’ont obligé à ne plus la chercher, mais à trouver les façons de la faire “réapparaître”, si bien que finalement l’objet de l’enquête s’est confondu avec l’enquête elle-même.”