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Accueil  Galerie  2008  Le dimanche 1er juin 2008


 

Vernissage vendredi 13 juin de 14h à 19h
PRESENCE PANCHOUNETTE
Less is less, more is more, that’s all.

14 juin - 31 août 2008


par Florence BEAUGIER,    

 

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PRESENCE PANCHOUNETTE
Less is less, more is more, that’s all.

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Frédéric CLAVÈRE

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Communiqué de presse



La lutte des classes, on n’en veut plus.
Bernard Kouchner



De 1969 à 1990, Présence Panchounette (Christian Baillet, Pierre Cocrelle, Didier Dumay, Michel Ferrière, Jean-Yves Gros, Frédéric Roux, Jacques Soulillou, sans compter quelques ustensiles) va tenter de semer une gaie zizanie au sein d’un monde de l’art confit dans le puritanisme.
Artistes d’attitude pour lesquels l’œuvre n’est pas essentielle (sinon négligeable), adeptes du métissage avant l’heure, pratiquants émérites du n’importe quoi/n’importe comment, du vite fait/mal fait et du jamais fini ; idiots malins, un peu (beaucoup) plus cultivés que la moyenne de leurs collègues (pas très cultivés, il est vrai), ils n’auront de cesse de semer la confusion et le malaise (« Sont-ils cons ou font-ils semblant ? ») par le biais d’expositions conçues comme des performances hystériques et de communiquer sur le moda da l’insulte (vieille tradition surréaliste) et de l’excommunication (leur côté secte).
Curieux des marges, fervents du « mineur », ils auront toujours préféré Laurel et Hardy à Gilbert et George, Alphonse Allais à Malevitch, et les bretelles aux Burlington ; appris l’art contemporain en regardant Mondo Cane et le body-art en écoutant Claude Darget commenter les combats du marquis de Lassartesse (et son valet Firmin) ; défailli à l’Eurovision plutôt qu’à la Scala de Milan, avant de découvrir le ready-made au fin fond des jardins de banlieue (un simple puits en pneus et son toit niais).

Leur statut a toujours hésité entre celui de terroristes balourds (« Et Bing et Bang ! ») et de pitres roublards (« Vas-y, r’joue moi-z’en d’la trompette ! »). Punks diesel, amateurs de contre-pieds et de crocs-en-jambe, ils tenteront de surnager dans un océan de contradictions, de malentendus et de paradoxes avant de finir en beauté en se sabordant au plus fort de leur succès.

A la Mauvaise Réputation, ils montrent une interprétation toute littérale du célèbre tableau de Magritte (« Ceci n’est pas une pipe ») et quelques marginalia (tracts, affiches, envois postaux et autres curiosités).

Frédéric ROUX





>>> Manifeste Présence Panchounette



Le vrai classique du vide parfait


Chronologie, par Présence Panchounette




-  1968
Dans une manifestation (performance collective assez usitée cette année là) trois clochards intellectuels scandent : « Paix en Algérie ». Le rang de devant et celui de derrière clament : « Nous sommes tous des Juifs allemands ». Le malentendu s’installe.
Novembre : un graffiti proclame : « Tout est comme avant ». Il s’agirait, selon certains historiens, de la première manifestation plastique de Présence Panchounette.


-  1969
Sans doute soucieux de l’air du temps soumis au climat régnant se fonde, dans un quartier promis à la rénovation, une soi-disant Internationale Panchounette qui se dote d’un manifeste où l’on peut lire entre autre : « L’Internationale Panchounette n’a pas pour but la subversion. Dans le Monde où les gens qui le confortent de la main droite reconnaissent de la main gauche la nécessité de la changer, elle est la seule Internationale qui trouve que TOUT VA BIEN ».
Le reste du texte hésite entre la provocation estudiantine et ce que l’on a coutume de qualifier dans les milieux autorisés de : « pro situationnisme ».


-  1970
Naissance des années 70. Celles dont personne ne se souvient.


-  1971
Le terme « internationale » est désormais remplacé par : « Présence ».
Les membres de P.P inaugurent la série des re-visitations des gestes fondateurs de l’art ; en guise d’excursion à Saint-Julien le Pauvre ils se rendent à Verdelais en voyage organisé. Les personnes du troisième âge qui composent le reste du contenu de l’autobus les considèrent avec la même suspicion qu’ultérieurement les critiques d’art.


-  1972
Profitant du laxisme de la législation française P.P se déclare au Journal Officiel dans le but avéré : « d’encourager les Arts, la Culture et les Loisirs ».
Inauguration de la 4ème Biennale des Arts Panchounettes. On peut y voir : des slips en néon, un puits en pneus, de la toile cirée, un électrophone de marque Teppaz et quelques jerrycans à mazout installés en un confondant mélange de duplicité et d’innocence.
Personne, à l’époque, n’aurait voulu parier un rouble sur la réussite de leur carrière ultérieure, ni même sur leur succès à l’examen d’entrée à l’Ecole des Beaux-Arts.


-  1973
Pensant se constituer à peu de frais une collection fabuleuse ils ouvrent 1 rue de la Vache, le Studio F4 où ils déclarent exposer sans choix quiconque en fera la demande.
Se succéderont sur les murs tapissés de papier peint fausse pierre quelques épigones de Support-Surface et des artistes refusés à Montargis et Ussel. Le public croyant à l’ouverture d’un club de loisirs s’installe autour du poêle sans faire attention à quoi que ce soit, même aux croix gammées de teintes pastel et aux cocktails Molotov il est vrai ininflammable.
N’ayant pas la patience d’attendre le boom de l’art, ils jettent la plupart des œuvres qu’on leur confie.
Ils s’auto proclament Champions du Monde de Boxe des Artistes Plasticiens sans que personne n’y trouve à redire. Terrorisé par leur gabarit légèrement supérieur à la moyenne, Jean Clair concède : « Vous êtes les artistes des années 80 ».


-  1974
Avec quelques années de retard sur les détournements situationnistes et quelques années d’avance sur le groupe Jalons P.P édite un numéro pirate des Chroniques de l’Art Vivant dans lequel ils insultent copieusement Gérard Régnier et les artistes d’avant-garde (petits cons sexistes, petits bourgeois, ambigus schizophrènes »).


-  1975
Ils mettent une sourdine à la production d’objets dérisoires et au goût immodéré qu’ils professent pour les porte-clés, tapis arabes, poupées de foire et autres colifichets pour mettre en avant une pratique qu’ils essaieront de faire passer durant quelques années pour leur logo : le papier peint (fausse pierre de préférence).
Ils vont jusqu’à proposer à Yvon Lambert de tapisser sa vitrine alors même qu’il expose Daniel Buren dont ils trouvent la pratique assortie au goût de la bourgeoisie pour le design. On ne pourra, en l’occurrence, leur reprocher qu’une attention plus soutenue que la moyenne à ce qui ne les regarde pas.


-  1976
Rien


-  1977
P.P fait son irruption sur la scène de l’art officiel, ils exposent Galerie Eric Fabre. Papier peint fausse pierre en devanture, sur les murs de la galerie, papier peint style Op-Art.
Dans le catalogue on pouvait lire : « L’Intelligence commençait à se préoccuper du problème du goût ». « Un discours qui aurait fait du savoir le signe ultime de la distinction aurait été le bienvenu », « La neutralité du ready-made semblait tout à coup suspecte », « Les marchandises ne voulaient pas (re ?) devenir des choses », « La théorie ne se parlait plus théoriquement », « On consultait le catalogue des 3 Suisses, un essai sur l’art conceptuel et une envie de vomir nous venait », « Ce qui est intolérable dans le vulgaire, c’est son innocence », « Le goût se déplace, le mauvais goût dérive. Tous (les deux ?) liés à l’économie de marché », « Le prolétariat attend les tapisseries d’inspiration conceptuelle qu’on lui prépare ».
Le prolétariat s’impatiente.


-  1978
Ils échangent le contenu de deux galeries, l’une rive droite spécialisée dans le néo-surréalisme, l’autre, rive gauche spécialisée dans l’avant-garde. Le jour du vernissage le public dépaysé s’interroge, les marchands craquent.
A propos de cette exposition paraîtra dans Le Monde un articulet qui leur servira de bibliographie jusqu’en 1993.
Ils semblent désormais aux portes de la reconnaissance par leurs pairs. Ils rencontrent Daniel Buren qui leur fait un cours, deux d’entre eux s’endorment, les autres hochent la tête avec commisération et trouvent sa critique limite.


-  1979
Ils exposent de nouveau Galerie Eric Fabre : deux néons qui proclament : « A bas le Capital » et un miroir gravé sur lequel est gravé : « A bas la Société Spéculaire Marchande ». Le post-modernisme n’a qu’à bien se tenir. L’exposition s’intitule : « Se voir, encore ». Se voir, pour une femme, c’est avoir ses règles.
Le soir du vernissage Pierre Restany sous l’emprise du gâtisme et de la boisson bombe sur les murs de la galerie : « Vive le travail ». Bertrand Lavier ricane. Ils n’auraient pas du.


-  1980
Ils montrent leurs travaux Galerie Jacques Donguy à Bordeaux. Cette exposition marque le retour à une certaine excentricité, les nains réapparaissent et la guirlande lumineuse et l’accrochage à la mords moi le nœud. Le public regarde la femme à poil qui fait un strip-tease. L’invitation trace leur ligne de conduite : « Réussir, de toute façon, est notre échec ».


-  1981
Coup d’arret brusque aux avances sociales, le pouvoir en changeant de mains met désormais l’accent sur la Culture. Le boom de l’art est à venir.


-  1982
La sculpture de l’objet devient envahissante. Malgré une pratique qui peut se targuer d’une certaine expérience et un arrière-plan théorique relativement solide, Présence Panchounette n’est retenue dans aucune des manifestations officielles à son sujet.


-  1983
Premier achat institutionnel, le Musée d’art moderne se fend de 9000 francs pour acquérir un objet de 1974.
Première exposition dans un espace institutionnel à la Maison de la Culture de Châlon sur Saône.
Au début des années 70, ils alignaient les débris plastique de leurs plages, au début des années 80, Tony Cragg devient un artiste international en faisant la même chose.
A Châlon ils tapissent entièrement les murs de la salle d’exposition de ces mêmes débris, exposant le gadget du sculpteur anglais comme s’il n’était que l’un de leurs propres déchets. Succès populaire, les professionnels les traitent de : « parodistes ».


-  1984
Après The Best, l’année précédente, c’est : The Worst. En fait pratiquement la même exposition où les objets sont disposés de telle manière qu’ils ne sont pas lisibles individuellement mais qu’ils constituent un objet exposition.
De terroristes post-situ, ils passent au statut enviable d’animateurs pour Noces et Banquets.
« Ce n’est pas nous, hélas ! qui avons fait pencher la typographie des magazines ni émerger l’Intelligence vers le mineur, c’est « l’air du temps ». Regrets éternels. Ca s’appelait HISTOIRE avant qu’Althusser n’étrangle sa femme ».


-  1985
Ils exposent à Los Angeles où la commissaire américaine de « Manipulated Reality » avait souhaité leur présence ; le commissaire français s’appelle Jean-Louis Froment, il est directeur du C.A.P.C de Bordeaux.


-  1986
Ils mettent en scène la collection du FRAC Midi-Pyrénées en l’installant dans ses meubles, Knoll pour Viallat, Starck pour Di Rosa, lampe à pétrole pour Bernard Dufour. Le catalogue est un détournement de Décoration International. Ils sont redevenus intelligents, les artistes protestent.
Pierre Jean Galdin leur permet d’investir les 1000 m2 du C.A.C de Labège où ils recréent une Afrique de pacotille. Ils confirment là qu’ils peuvent être un redoutable groupe de scène en mêlant rock et makossa, Bateke et Sony.


-  1987
Parution du 2ème tome de leurs « Œuvres Choisies » à l’occasion de la reprise d’Expression d’Afrique au musée de Calais. Deux ouvrages complaisants où ils ne se lassent pas d’être satisfaits d’écrire et de penser mieux que les peintres alors même qu’ils peignent plus mal que des cochons.


-  1988
L’institution accélère dans la ligne droite et leur propose d’exposer au CNAP où ils se montrent plus maladroits que n’importe qui.
Leur attitude démagogique avec le personnel leur vaudra de représenter la France aux Jeux Olympiques de Séoul.


-  1989
Pour fêter leur vingtième anniversaire ils plaquent un solex en or, organisent le défilé du 14 Juillet sur les Champs Elysées, se souviennent des années 80 avant la Libération et la 7 et constatent que le carré de la base de la liberté est égal à la somme des carrés de l’esclavage.
N’ayant pas été invitée, P.P ne participe pas aux Magiciens de la Terre.


-  1990
Ils tentent le drop du milieu du terrain : devenir un mythe.


PRESENCE PANCHOUNETTE, 1990





Exposition Présence Panchounette dans la ville
14 juin - 31 août 2008, 12 sites dans Bordeaux.



Fronton de la porte d’Aquitaine, place de la Victoire :
-  Le carré de la base de la liberté est égal à la somme des carrés de l’esclavage

Jardin de la mairie de Bordeaux, 20 cours d’Albret :
-  Dwarf-Dwarf II

Musée des Beaux-Arts, 20, cours d’Albret :
-  Intervention dans les collections, « Formella in restauro »

Musée des Arts décoratifs, 39, rue Bouffard :
-  Dwarf-Dwarf I et intervention dans les vitrines, galerie XXe s., mobilier

Caisse d’Epargne, Mériadeck, 55 rue du Château d’eau :
-  Le vrai classique du vide parfait

Porte Cailhau, quai de Richelieu :
-  Petit puits

5,rue du Chai des Farines :
-  Je me souviens des années 80, intervention dans la vitrine

Librairie La Mauvaise Réputation, 19, rue des Argentiers :
-  Ceci est une pipe
-  Affiches, tracts, envois postaux, marginalia

Fnac Bordeaux centre 50 rue Sainte-Catherine :
-  photographies

Espace Saint-Rémi, 6 rue Jouanet :
-  Rétrospective (nef) et pièces d’atelier (absidiole)

Hall du Grand-Théâtre, place de la Comédie :
-  « Adornos »

Galerie Tourny, 23 cours de Verdun :
-  Oeuvres autour du design

Jardin public, cours de Verdun :
-  Intervention sur les grilles
-  Intervention sonore

Galerie MC2A, 34 rue Ferrère :
-  « Afrikka »
-  oeuvres



 


Florence BEAUGIER

 




 

 

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Textes & illustrations sous COPYRIGHT de leurs auteurs. Traduction/Translation