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Accueil  Librairie  Le lundi 1er juin 2009


 

David Margolick
Strange fruit
Billie Holiday

coup de coeur ! ! !


   

 

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Titre : Strange fruit
Auteur : David Margolick
Éditeur : Allia, Paris
Reliure : Broché
Description : 126 pages / (19 x 12 cm)
Illustrations en noir et blanc
Prix : 9.00 euros







C’est en 2000 que le journaliste américain David Margolick entreprend d’ “éplucher” le célèbre “Strange Fruit” de Billie Holiday. De la chanson-manifeste à la mémoire de tous les Noirs pendus dans les états du Sud, il extrait le “noyau ” dur dans un récit relativement court et définitivement passionnant, grâce à la réédition de l’ouvrage, ces jours-ci, aux éditions Allia.

Quel roman, à vrai dire, ce “Strange Fruit” !... On savait, certes, qu’Abel Meeropol, un enseignant juif du Bronx sympathisant communiste, en était le véritable auteur, contrairement à ce que suggérait “Lady Day” dans sa parfois très fantaisiste autobiographie... On n’ignorait pas non plus que c’est dans l’un des QG de la gauche radicale new-yorkaise, le fameux “Café Society”, que la chanson voit le jour... Là où le récit innove, c’est dans la façon dont Billie Holiday va s’approprier un morceau dont il n’est pas évident, d’après l’auteur, qu’elle en aie immédiatement saisi la signification. Les témoignages, à-ce-propos, sont contradictoires... Du haut de ses 24 ans et des romans à l’eau de rose dont elle raffole, Billie Holliday, lorsqu’elle écoute pour la première fois le thème de “Strange fruit”, n’aurait posé qu’une seule question : que signifie le mot pastorale ?

En supposant que l’anecdote soit vraie, David Margolick la complète par d’autres témoignages, beaucoup plus nombreux, et qui au contraire suggèrent à quel point la chanteuse a ressenti immédiatement dans ses tripes, à défaut d’en comprendre toutes les subtilités, la force douloureuse de “Strange Fruit”... Rien qu’en voyant la tête de son premier protecteur, John Hammond, ulcéré de voir sa protégée fricoter avec les intellos de gauche du “Café Society”, Billie comprend qu’elle a fait le bon choix... Et puis il y a la manière avec laquelle elle chante “Strange Fruit”... Sans trémolos, mais avec une violence sourde, une âpreté, voir même une certaine férocité dans la façon de lâcher chaque mot, elle se distingue d’emblée d’autres versions de la même chanson, un peu trop mélos... Bientôt, elle en revendique le monopole, puis le moment opportun ou non de conclure son récital avec, en fonction du public devant lequel elle chante... On n’ose imaginer sa réaction le jour où une spectatrice lui demande : “vous ne pourriez pas chanter cette histoire sexy de corps nus qui se balancent dans les arbres ?”...

Evidemment qu’à ce moment là elle sait parfaitement la signification du mot pastorale... “Strange Fruit” n’aura pourtant pas forcément eu l’accueil enthousiaste que l’on pourrait supposer aujourd’hui... La chanson encombre, à bien des égards... Pas assez jazz pour les accros du swing ! trop victimisante pour les milieux blacks les plus radicaux ! Le très red & raide Paul Robeson détestait le morceau, et “Strange Fruit” ne fera pas non plus partie des grands hymnes afro-américains des années 60... Et en même temps, il y a cette superbe phrase de Cassandra Wilson : “Qu’est ce qui fait que cette chanson vous oblige à la chanter ?”... Question qui s’est aussi posée à d’autres grandes black ladies comme Nina Simone, Abbey Lincoln, Dee Dee Bridgewater... 50 ans après la disparition de Billie Holiday, et alors que le peuple américain s’est enfin donné un président noir, lire ou relire le “ Strange Fruit ” de David Margolick donne à voir effectivement une histoire de jazz remuante, poignante et riche d’enseignements sur la capacité d’une “fichue scène pastorale”, comme le disait Billie à la fin de sa vie, à changer le monde...

(source : www.tsfjazz.com)


 

 




 

 

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