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On dit souvent que la mort est le dernier tabou. Il n’en a pas toujours été ainsi. Durant des siècles, des institutions religieuses, en majorité catholiques, construisirent des ossuaires et des charniers décorés qui demeurent des chefs-d’oeuvre d’un art créé à l’aide d’ossements humains. Car, dans le monde moderne, occidental, nous avons fini par considérer la mort comme une frontière. Depuis les Lumières, comme l’a montré Jean Baudrillard, nous avons suivi une évolution au cours de laquelle « la mort a peu à peu cessé d’exister ». Les nombreux sites photographiés de manière spectaculaire par l’auteur de cette étude brillante et originale comprennent entre autres le monastère de Santa maria della Grazie à palerme, où les vivants rendaient visite à des dépouilles momifiés ou squelettiques et les habillaient, les Catacombes de paris - l’empire de la mort -, les crânes peints de Salzbourg et de fantastiques créations incrustées d’ossements en Allemagne, Autriche, Bolivie, Égypte, Espagne, Grèce, pérou, Slovaquie, Suisse et ailleurs. Dans chacun de ces endroits la mort est vue comme un nouveau commencement : « La mort ferme les portes du temps et ouvre celles de l’éternité ». Ce que nous appelons un memento mori était également un memento vitae. Commençant par étudier le fétichisme des ossements dans l’Antiquité, paul Koudounaris analyse avec brio le rôle de ces remarquables mémoriaux au sein des cultures qui les ont créées ainsi que les mythologies et les folklores qu’ils ont suscités. Ce livre traite d’un sujet négligé par la recherche universitaire et susceptible pourtant d’avoir de profondes résonances auprès d’un large public. Paul Koudounaris vit à Los Angeles où il a obtenu un doctorat en histoire de l’art à UCLA. pour la rédaction de ce livre, il a visité et photographié dans près de 20 pays plus de 70 sites contenant soit des ossements humains, soit un ossuaire d’église et un charnier.
L’Empire de la mort Auteur : Paul Koudounaris Editions du Regard Livre relié sous jaquette 224 pages / 30,5 x 22,5 cm 300 illustrations, dont 250 en couleur Prix : 49 euros
Charnier de la chapelle Saint-Michel [Greding, Allemagne] Les ossuaires furent très répandus jadis en Bavière. L’un des plus vastes est celui de Greding, situé dans une chapelle anciennement dédiée à saint Michel dans le cimetière de l’église Saint-Martin. On estime que le charnier contient les restes de 2 500 personnes déposés là entre le xive et le xviiie siècle. On a retiré les quelques crânes peints qui s’y trouvaient autrefois.
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Charnier de la chapelle Sainte-Catherine [Cham/Chammünster, Allemagne] Le charnier de Cham, où des crânes et des os longs sont entreposés dans des pièces différentes, date probablement du xiiie siècle. Il se trouvait autrefois au sous-sol d’une chapelle funéraire mais tomba en désuétude et fut recouvert. Il fut mis au jour en 1820 sous une colline dans le cimetière. De nombreux ossements avaient été endommagés par la nappe phréatique. Au début du xxe siècle, on les retira du charnier pour les nettoyer et l’on installa dans ce dernier un plancher pour les protéger.
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Ossuaire de la chapelle Saint-Michel [Église Sainte-Catherine, Oppenheim, Allemagne] Le style gothique des caveaux du charnier d’Oppenheim en atteste l’ancienneté - la salle date de la première moitié du xve siècle et sert manifestement d’ossuaire depuis lors. On estime que celui-ci, le plus étendu d’Allemagne, contient les restes de 20 000 personnes.
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Chapelle des Crânes [Czermna, Pologne] La « chapelle des Crânes » en Pologne a eu une influence régionale en tant que première construction décorée d’ossements en Europe centrale ; elle se distingue par ses crânes suspendus au plafond au-dessus d’os croisés. Selon la légende, le crâne du Père Waclaw Tomaszek, qui construisit la chapelle, serait l’un de ceux exposés sur l’autel. [Page ci-contre - 174] L’archange Gabriel tient la trompette avec laquelle il réveillera les morts le jour du Jugement dernier. Ce rôle qui lui est attribué n’a pas une origine scripturale et pourrait être le produit du syncrétisme de divers mythes païens et chrétiens. L’iconographie de Gabriel date peut-être du xve siècle et il en est fait mention pour la première fois en anglais dans le poème Paradise Lost de Milton.
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Ossuaire de la chapelle de Tous-les-Saints [ République tchèque] La salle principale de la chapelle consiste en un carré de sept mètres de côté dominé par un lustre de neuf mètres de diamètre suspendu entre les quatre tiges torsadées. Ce lustre, dont on dit qu’il contiendrait un exemplaire de chacun des os du corps humain, a peut-être été inspiré par des précédents italiens, mais il est notablement plus grand et plus complexe que ces derniers.
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Ossuaire de la chapelle de Tous-les-Saints [Sedlec/Kutná Hora, République tchèque]
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Église de San Bernardino alle Ossa [Milan, Italie] Le Vénitien Sebastiano Ricci acheva de peindre la coupole et les pendentifs en 1698. Bien que l’on pense généralement que les tableaux représentent les Bienheureux montant aux cieux, d’autres interprétations y voient une allusion au martyre de Milanais persécutés par les Goths.
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