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rencontre samedi 17 mars 2012 MARIE L PORTE 8 182 autoportraits en sous-sol de Marie L
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Auteur : Marie L Titre : Porte 8 Editeur : United Dead Artists 182 autoportraits en sous-sol de Marie L format 17 X 26 cm Prix : 20 euros L’INFINI AU FOND DU COULOIR
Pour conjurer le désir qu’il a planté en elle, elle mettra en scène l’objet charnel sur lequel les bras de l’absent n’ont pas su se refermer. Comme une correspondance, elle dansera nue dans la distance, lui livrera quelques pièces à conviction utiles à la prière, lui jouera de son corps, prendra l’hémophilie en filature. Tête rasée, vulnérable, elle gagnera les communs de l’immeuble, la matrice pressentie pour cette chorégraphie. Juste là, à deux pas de sa porte d’entrée, il y a le local à poubelles, les caves, cimetière nostalgique de ce qui encombre, s’entasse dans les oubliettes de notre faim d’avancer ; un lieu mort où l’on délaisse, où l’on oublie. Un espace métaphorique entre rocaille et parpaings dans lequel elle déportera le désir, en huis- clos le mettra en scène. Il faudra faire vite, battre comme ces cœurs d’enfants recroquevillés dans les cachettes du monde, vite, vite avant que l’inattendu - sac d’ordures à la main - ne surgisse. Voyeur, délateur. Posé en équilibre sur le rebord d’une poubelle, un œil numérique à déclenchement différé est son seul complice. Par un déshabillage minute, se libérer au plus tôt sous la crudité mordante du néon. Il s’agira ensuite d’épuiser le lieu, ne lui concéder aucune action de rechange. S’approprier l’espace,le couvrir d’encre sympathique avec so ncorps-alphabet.Un corps unique pour ce triple regard : l’appareil-témoin ; l’amant destinataire ; toi, l’inconnu en train de lire. Successivement chaussée de noir tragique, de rouge passion, d’or fastueux, de blanc vierge, Marie se contorsionne, se trace un présent en direct. À l’horizontale, en diagonale, voilà qu’elle s’étire, se penche, s’arrondit, se tord, s’accroupit, s’allonge sur l’horizon provisoire, confiné, du petit couloir. Jusqu’à mordre la poussière, se salir, se relever. Après sept années de silence éditorial, Porte 8 marque son retour à l’image muette. Une catharsis à l’époque éloignée de toute intention de publication. Un rituel déjà ancien, déjà sien : être soi au-delà du quant-à- soi, mettre son enveloppe corporelle en adéquation avec ses peurs, ses doutes. Jouer sa peau sur les limites de l’élasticité. Subtilisés au néant dans une excitation de contrebande, ces clichés interlopes jaillis sans témoin sont comme des baisers d’hiver, la nuit sous les porches. Dans le fond du local concentrationnaire qu’elle s’apprête maintenant à quitter, une porte fermée n’a rien perdu de la cérémonie. Frappée, oui, du chiffre huit. Huit, le symbole de l’infini lorsqu’il se prend à rêver de verticalité. Stéphan Lévy-Kuentz Marie L., écrivain photographe vidéaste, née en 1968, interroge un parcours personnel en pensant le corps autrement qu’en fonction des codes imposés par une société dite « moderne ». Exploration des limites, déchiffrement d’un monde de l’intime où les mots et les images ne sont plus que des ponts suspendus entre la vie et la mort. www.sophiemariel.fr Bibliographie : Littérature 1996 : Confessée aux éditions Climats 1998 : Petite Mort aux éditions Blanche 2000 : L’Autre Face aux éditions Arléa avec Pierre Bourgeade 2001 : Noli me Tangere aux éditions Carmina La Musardine 2002 : Eaux Fortes aux éditions Pauvert-Fayard 2010 : Red Sofia Song aux éditions Cartouche 2011 : Confessée suivie de Quelques Lettres au Milieu d’Elle aux éditions Cartouche Livres Photos 2000 : No Love, Polaroïds et Poèmes avec Pierre Bourgeade aux éditions Les Libraires entre les Lignes
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