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Accueil  Galerie  2017  Le mercredi 6 septembre 2017


 

Exposition du 15.09 au 14.10.2017
Vernissage le 14 septembre
BADAAAASS
Anna BYSKOV
Baptiste LE CHAPELAIN
Jeanne MOYNOT
Thomas TEURLAI


   

 

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Deux propositions en une d’Arnaud Labelle-Rojoux



« Get Out ! You’re in the wrong categoooory ! ! ! »
(Exclamation de « Portoricains joyeux » à l’endroit de travestis décalés dansant sur Diana Ross lors d’un Vogueing, rapportée par Didier Lestrade dans un de ses articles publiés par Libération entre 1988 et 1999, réunis dans Chroniques du dance floor)


Commençons par l’exposition BADAAAASS proposée à la mi-septembre à la galerie La Mauvaise Réputation (LMR), réunissant Anna Byskov, Baptiste Le Chapelain, Jeanne Moynot et Thomas Teurlai.
Inutile de passer en revue les cent justifications probables de leur présence ensemble, puisque c’est justement l’appellation très contrôlée BADAAAASS avec ses lettres redoublées qui les condensent avantageusement toutes ! Il ne s’agit en effet pas d’un quatuor de mauvais goût (encore que !) - ce que pourrait laisser penser une traduction fautive de l’expression américaine badass (selon laquelle le « cul » malsain dominerait : porno, sado, scato) -, mais de quatre personnalités fortes ayant l’impertinence chevillée au corps de résister aux conformismes ambiants, ceux de l’art compris.
Car le mot badass, qualifie en réalité des personnes qui ne s’en laissent pas compter, non impressionnables, suivant leur tempérament rebelle aux injonctions normatives, pas forcément ramenardes mais imposant leur style, leur façon d’être et de vivre, leur expression. Cette chevalerie insolente, libertaire, appelle plus la légende que la reconnaissance. Mais nous n’en sommes pas là : nos quatre protagonistes sont jeunes (entre 25 et 35 ans), très actifs, et, « badasses » dans l’âme, s’inscrivent dans le présent.

Plusieurs d’entre eux cependant, quoique sourds aux sornettes du « marché », bénéficient déjà d’une « visibilité » notable sur ce que l’on appelle la « scène artistique », ce dont, à titre personnel, je me réjouis particulièrement. Car un de leurs points communs est d’avoir été tous les quatre étudiantes et étudiants, à cheval sur des périodes différentes, à l’école des beaux-arts de Nice, la Villa Arson, là où je fus professeur durant dix ans.

S’ils ne dessinent pas ensemble une même vision de l’art, leur dissemblance constitue a contrario la mienne, faite de singularités libres, affirmées, nécessaires dans une société où les normes identitaires l’emportent. Au Jackass soft, faussement décervelé, d’Anna Byskov fait de foirades absurdes à la tonalité burlesque, s’oppose la sensation intense d’une beauté dangereuse, terroriste (je veux dire qui fait peur) de Thomas Teurlai, dont les réalisations techniquement exigeantes ne sont paradoxalement pas si éloignées formellement de celles bricoleuses de Baptiste Le Chapelain « aimantées », comme le dit joliment Bernard Marcadé, par « les négligences de toutes sortes », cependant que Jeanne Moynot carnavalise grinçante le réel le plus trivial dans une ambiance de fête foraine punkisée.

Nouvel art dégénéré ? Nulle part en tout cas mieux que la galerie La Mauvaise Réputation ne pouvait en accueillir l’énergie hérétique.




Pour revenir à notre titre qui, on l’aura noté, n’est pas Badass, mais BADAAAASS, il doit aussi se lire dans la perspective, à la fin du mois de septembre, lors du Week End de l’Art Contemporain (WAC), de la conférence-performance LCDB (Le Culte Des Bannis) III, que je propose avec Gauthier Tassart en préambule d’un concert de Xavier Boussiron. La multiplication des A et des S sonorisant en quelque sorte la formule, est en effet un clin d’œil au film « culte » Sweet Sweetback’s Baadasssss Song de Melvin Van Peebles, écrivain, compagnon de route de Hara-Kiri, premier cinéaste de la Blacksploitation, acteur, musicien aux mille vies menées tambour battant, tenant une place évidemment de choix dans mon cercle des « bannis ».

Qu’est-ce en effet que Le Culte des Bannis(LCDB) ? Une sorte de club privé réunissant des artistes insoumis à la hiérarchie des genres, jouissant cependant d’un capital d’admiration tel qu’on les qualifie de « culte ». Bien que l’on comprenne immédiatement le mot, il n’en est pas moins, c’est évident, à prendre avec quelques pincettes. On pourrait sans doute plus simplement parler d’adulation si le terme ne revêtait pas tout autant un caractère religieux absolument hors sujet. Ceux qui, dans tous les cas, intéressent plus précisément Le Culte des Bannis sont les créateurs de tout poil cooptés par d’autres d’un domaine extérieur au leur (les « écrivains pour artistes », les « architectes pour musiciens », les « cinéastes pour artistes », les « musiciens pour cinéastes », etc.) dont on peut se demander ce qui les unit et simultanément les marginalise, voire les délégitime en tant qu’auteurs. Ceux qui seront convoqués dans ce troisième épisode public (après la Fiac en 2015 et la Fondation Ricard en 2016) auront, on l’aura compris, une tonalité BADAAAASS...



LCDB III ? Le Culte des Badaaaass en somme !

Un concert de Xavier Boussiron, figure exemplaire du très subjectif Culte des Bannis, mercenaire de l’art présent dans plusieurs projets communs aussi bien avec moi autour de la « passion triste » (Les Choses à leur place ; Le Miracle familier ; Le Cœur du mystère ; Le Point d’orgue musical) qu’avec Gauthier Tassart (L’orchestre Inharmonique de Nice, I Apologize), s’imposait en prolongement à la conférence LCDB III, cela particulièrement à Bordeaux. C’est en effet là qu’étudiant à l’École des Beaux-arts (diplômé en 1992), Xavier Boussiron se mit en quête d’approfondir son rapport personnel à la musique : la guitare hawaïenne plutôt que John Cage ; la mélodie et la narration plutôt que des recettes avant-gardistes ! S’il arrache au passage quelques mythes, il s’en trouve d’autres, tirant alors, comme il le dit, ses influences de « musiciens » aussi différents que Francis Picabia, Claudio Estrada, Alfred Jarry, The Residents, Robert Rauschenberg, Gaston Chaissac, Sonny Sharrock, Michel Simon ou Witold Gombrowicz. L’indiscipline comme discipline suprême en somme !

Arnaud Labelle-Rojoux





BADAAAASS / Who’s Who


Anna Byskov
Née en 1984 à Quito en Equateur. Elle Vit et travaille à Paris, Nice, Mulhouse, Genève. Diplômée de la Villa Arson en 2008.
Mettant son corps (et parfois son esprit) en jeu dans des actions décalées dans lesquelles le non-sens l’emporte sur la raison (comme plonger jusqu’à n’en plus pouvoir dans une piscine après avoir enfilé un maillot de bain trop grand, ou se taper la tête contre les arbres jusqu’à perdre le nord...), Anna Byskov ne rechigne pas à la tâche. Engagée physiquement dans son œuvre, pour la cause de l’autodérision, du burlesque et pour l’envie de tenter l’impossible.
Parmi les expositions personnelles : Bocca, Théâtre national et Les Bains Douches, Alençon, 2016 ; Bocca della verità, Fondation du Doute, Blois, 2015 ; Spooky, or Nothing, Mulhouse, 2014) ; On the Steps, galerie Jozsa, Bruxelles, 2014 ; Elle a par ailleurs, entre autres, participé au 55ème Salon de Montrouge, 2010 ; Une forme pour toute action, Printemps de Septembre, Toulouse, 2010 ; Karim Gheloussi, Aïcha Hamu, Anna Byskov, Galerie Catherine, St Paul de Vence ,2011 ; A la vie délibérée, une histoire de la performance sur la côte d’Azur de 1951 à 2011, Villa Arson, 2012 ; La comédie de l’art, Fondation du Doute, Blois, 2014.


Baptiste Le Chapelain
Né en 1991. Vit et travaille à Paris et à Bruxelles. Diplômé de la Villa Arson en 2016.
Parmi les expositions personnelles : Rêvez ! Prix Yvon Lambert pour la jeune création, Collection Lambert, Avignon, 2017 ; Coco Mama, avec le collectif Outreglot , L’Amour, Bagnolet, 2016 ; ¡ À Propos ! Galerie de la Marine et Villa Arson, Nice, 2016 ; Ensemble rayé / faisceau aveugle, création radiophonique pour Création on Air sur France Culture, 2016 ; Circus in Between words, Glasgow international, Glasgow (Ecosse), 2016 ; Mega Hammer 2, Glasgow school of art, Glasgow (Ecosse), 2016 ; Nuevos Boloss, avec le collectif Outreglot, Le Wonder, Saint Ouen, 2016 ; Pasele Hay Jaguar, avec Ana Victoria Pacheco, Comala Bar, Oaxaca (Mexico), 2015 ; Topoglanissada, avec Jedrzej Cichosz, Musée d’art Naïf Anatole Jakovsky, Nice, 2015.


Jeanne Moynot
Née en 1985. Vit et travaille à Pantin.
Diplômée en 2009 de la Villa Arson, Jeanne Moynot pratique la performance, l’installation et l’écriture.
Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles à Tripode (Nantes) en 2015 et à Futura (Prague) en 2014. Il a également été montrée au sein d’expositions collectives au Musée National de Bucarest, 2016 ; au Bâtiment d’Art Contemporain de Genève, 2016 ; à la Fondation du Doute, 2014 ; au Centre Georges Pompidou (Festival Hors Pistes), 2012 ; au Musée de la Chasse et de la Nature (Nuit des Musées), 2009. Elle a récemment performé Grande Crue à la Fondation Ricard avec Elodie Petit. Elle travaille avec Anne-Sophie Turion sur des projets de spectacles vivants, notamment sur Bordel, une collaboration avec Thomas Clerc qui aborde le rangement comme vecteur d’enpowerment, et qui sera créé en octobre prochain à Marseille dans le cadre du festival Actoral.


Thomas Teurlai
Né en 1988. Vit et travaille à Paris.
Diplômé en 2011 de la Villa Arson. 2013-2014 : Post-diplôme à l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Lyon. 2016 : Le Pavillon, Palais de Tokyo.
Parmi les expositions personnelles : Bullroarer, Thomas Teurlai, Lauréat 2015 du Prix des ateliers de la ville, Musée Cantini, Marseille. Snug as a thug in a rug, Galerie Loevenbruck, 2015 ; The Pipe Factory, Glasgow (Écosse), 2015 ; Foot Locker, Copycat Building, Baltimore (États-Unis), 2015 ; Europium, Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin (Italie), 2014 ; L’État du ciel, Modules de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, Palais de Tokyo (Paris), 2014 ; Camping sauvage, Niaga (Sénégal), 2013 ; Chopper Desk, The Fish Factory, Stodvarfjordur (Islande), 2012 ; Klaus Nomi auf L.S.D, Picto, Genève (Suisse), 2011. Principales expositions de groupe : Dirty Pepax, Wonder/Liebert, Bagnolet, 2017 ; L’ordre des Lucioles, exposition du 17ème Prix de la Fondation d’entreprise Ricard (2015), Fondation d’entreprise Ricard, Paris, commissaire, Marc-Olivier Wahler ; From and To, Villa Arson, Nice, 2014 ; Petit Bassin, la Friche Lamartine, Lyon, 2013 ; Looters will be shot, galerie de la Marine, Nice, 2013 ; Le Trou, Villa Bernasconi, Genève (Suisse ), 2013 ; Mauvais Coup pour Trois Fois Rien, Hangar Alstom, Nantes, 2011 ; Pig-it, Villa Arson, Nice, 2010 ; Cerise, galerie Carré, Nantes, 2009 ; 345 Elder, The Broadway Space, New York (États-Unis), 2007 ; Retinal persistence, The loft building, 3627NE 1st street, Miami (Etats-Unis), 2007.


Arnaud Labelle-Rojoux
Né en 1950 à Paris, où il vit et travaille, Arnaud Labelle-Rojoux s’est d’abord fait connaître dans le circuit de la performance dont il est devenu l’historien avec son livre aujourd’hui introuvable L’Acte pour l’art (1988). Artiste assez indéfinissable, il expose seul (L’oignon fait la sauce, galerie Loevenbruck, Paris 2011 ; Tombe la neige, Galerie Loevenbruck, Paris, 2014 ; Esprit es-tu là ? Villa Tamaris, La Seyne-sur-mer, 2016 ; Elle aime toi, Yeah, Yeah, Yeah, Galerie Frontières, Hellemmes, 2017) ou à plusieurs (Les Maîtres du désordre, Musée du quai Branly, Paris, 2012 ; Le Surréalisme et l’objet, MNAM, Centre Georges Pompidou, Paris 2013 ; Le Temps de l’audace, Institut d’art contemporain, Villeurbanne, 2016 ; Le monde à l’envers, La Mauvaise Réputation, Bordeaux, 2017), performe, participe occasionnellement à l’écriture de spectacles pour la compagnie du Zerep (Le coup du cric Andalou, Oncle Gourdin, Biopigs), ou à la mise en scène d’ « événements » (Le Bal Dada du Printemps de Septembre, 2016), et publie irrégulièrement des livres inclassables (Junot B. Goode, 1997 ; Twist dans le studio de Velasquez, 1999 ; Leçons de scandale, 2000 ; L’Art parodic’, 2003 ; Je suis bouleversé, 2008 ; Twist tropiques, 2013).


Gauthier Tassart
Gauthier Tassart est artiste. Il fait partie du trio I Apologize avec Jean-Luc Verna et Julien Tibéri. Le groupe s’est récemment produit à la Biennale de Venise, au Centre Pompidou, au MacVal. Leur troisième disque est disponible chez Optical Sound. Gauthier Tassart dirige également L’Orchestre Inharmonique de Nice, un orchestre à géométrie variable de musiques improvisées auquel ont participé tour à tour Lee Ranaldo, Jean-Marc Montera et Xavier Boussiron. Il a récemment (en septembre 2016) participé à la « manœuvre musicale » MIX ATOMIC, de Lydie Jean-Dit-Pannel en mixant en direct pendant 5 heures 86 vinyles 45 tours Atomic de Blondie au Centre d’art Faux-Mouvement à Metz.


Xavier Boussiron
Musicien analphabète, plasticien, dramaturge, performeur, scénographe et un temps galeriste, Xavier Boussiron (né en 1969) produit une musique narrative entre devoir de mémoire, mondes parallèles, autodidaxie améliorée et sophistication...
En 1995, il édite son premier disque, « Rien qu’un cœur de poulet », où il revisite l’inoubliable Roy Orbison. Il séjourne alors à Los Angeles et rencontre l’artiste Mike Kelley et participe à un concert avec le groupe arty-noise historique, Destroy All Monsters. Parallèlement il rencontre Sophie Perez et le Théâtre du Zerep et se lance dans diverses aventures de mises en scène et compositions : El coup du cric andalou, 2004 ; Laisse les gondoles à Venise (d’après Lorenzaccio), 2005 ; Enjambe Charles, 2007 ; Gombrowiczshow, 2008 ; Deux Masques et la Plume, 2010 ; Oncle Gourdin, 2011 ; Prélude à l’agonie, 2013 ; Biopigs, 2015 ; Babarman, 2017. Alternant projets d’art visuel et projets pour la scène, il a collaboré avec des figures aussi diverses qu’Arnaud Labelle-Rojoux, Dominique Gonzales-Foerster, Claudia Triozzi, Stéphane Bérard, Nathalie Quintane, Christophe Salengro... et a fondé Suave Records, label par lequel il édite ses projets musicaux, et se produit en concert sous le nom de Les Mains de Boussiron.

 

 




 

 

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