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VIENT DE PARAÎTRE !

Colum McCANN
Et que le vaste monde poursuive sa course folle

Le jeudi 20 août 2009





Dans le New York des années 1970, un roman polyphonique aux subtiles résonances contemporaines, une œuvre vertigineuse.



Et que le vaste monde poursuive sa course folle
Colum McCANN
Editeur : Belfond
Traduit par Jean-Luc Piningre
448 pages
Prix : 22.00 €








7 août 1974. Sur une corde tendue entre les Twin Towers s’élance un funambule. Un événement extraordinaire dans la vie de personnes ordinaires.

Corrigan, un prêtre irlandais, cherche Dieu au milieu des prostituées, des vieux, des miséreux du Bronx ; dans un luxueux appartement de Park Avenue, des mères de soldats disparus au Vietnam se réunissent pour partager leur douleur et découvrent qu’il y a entre elles des barrières que la mort même ne peut surmonter ; dans une prison new-yorkaise, Tillie, une prostituée épuisée, crie son désespoir de n’avoir su protéger sa fille et ses petits-enfants...

Une ronde de personnages dont les voix s’entremêlent pour restituer toute l’effervescence d’une époque. Porté par la grâce de l’écriture de Colum McCann, un roman vibrant, poignant, l’histoire d’un monde qui n’en finit pas de se relever.


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Colum McCann est né dans la banlieue de Dublin en 1965. Son père, Sean, un ancien footballeur professionnel du Charlton Athletic de Londres, était journaliste pour le groupe Irish Press et rédacteur d’un quotidien de Dublin. Sa mère, Sally, était femme au foyer. Il a deux frères, Sean et Ronan, et deux sœur, Siobhan et Oonagh. Colum McCann est allé à l’école St Brigid de Fowrock, tout près du lieu de naissance de Samuel Beckett. À huit ans, au retour de sa toute première visite à son grand-père à Londres, il écrit un de ses tout premiers essais : « La personne que j’admire le plus ».

« Quand je suis entré dans la maison de retraite, mon grand-père a dit : encore une saleté de McCann. Mais nous lui avons donné du whiskey et des cigarettes et son humeur a changé. Je me suis assis sur le lit et il m’a raconté des histoires. Des histoires plutôt longues, si je me souviens bien, sur l’amour et sur la guerre et sur l’alcool - de bonnes histoires irlandaises, en somme. Il était en train de mourir, même si je ne m’en doutais pas. Le lundi suivant, je suis retourné à l’école et le maître nous a demandé d’écrire une rédaction. Autant qu’il m’en souvienne, c’est la première fois que j’ai pris pleinement conscience du pouvoir que pouvait exercer une histoire. J’ai travaillé pendant des heures et des heures, m’appliquant sur chaque mot. »

A douze ans, Colum McCann va au collège catholique Clonkeen à Deansgrange, puis, en 1982, s’inscrit au seul lycée d’Irlande qui, à l’époque, propose des cours de journalisme. Il est nommé Jeune Journaliste de l’année pour une série de reportages sur la violence domestique à Dublin. « C’est vraiment ce type de journalisme qui m’a ouvert. Je me rendais dans des appartements situés dans des quartiers que je ne connaissais pas du tout. J’étais un enfant de classe moyenne, j’ai dû apprendre à parler et surtout à écouter. Les seringues d’héroïne dans les escaliers, les junkies qui traînaient sur les paliers, cela m’a ouvert les yeux. J’ai rencontré ces femmes, celles dont parle Roddy Doyle, celles qui « se cognent dans les portes ». Après cet article, il y a eu une discussion au Dail, le Parlement irlandais. J’ai commencé à prendre conscience du pouvoir. »

Après quelque temps au Connaught Telegraph dans le comté de Mayo, Colum McCann obtient son diplôme en 1984 et part un été à New York. « Je me suis retrouvé sur la Sixième Avenue, en bas du building de Time-Life. Je me suis même couché par terre pour regarder en l’air. Les gens me marchaient dessus. J’avais dix-neuf ans et je n’avais jamais rien vu de pareil. J’étais un peu fou, cet été-là, en roue libre. Je vivais à Brighton Beach, dans un appartement pourri. Et puis j’ai trouvé un job au Universal Press Syndicate. D’abord ils m’ont engagé comme coursier. Je prenais les commandes de sandwiches. Je ne savais même pas ce qu’était la « mayo », pour moi, c’était un comté dans l’ouest de l’Irlande. Je me trompais tout le temps dans les commandes, à la fin, cela devenait risible.

Et puis ils m’ont nommé reporter. J’ai arrêté de courir partout. J’ai passé quelque temps là-bas et je suis rentré en Irlande. J’avais découvert autre chose, je m’étais ouvert. J’étais heureux de rentrer à Dublin mais je voulais déjà repartir.
 »

En 1986, Colum McCann part pour ce qui devait être un court séjour à Cape Cod dans le Massachusetts. « Je voulais écrire le grand roman américain. J’ai atterri à Hyannis et je me suis acheté une machine à écrire. Hélas ! A la fin de l’été, c’était toujours la même page qui se trouvait dedans. Et je ne pouvais même pas lire ce que j’avais tenté d’écrire. C’est là que j’ai compris qu’il était temps pour moi de vivre autre chose, de me sortir de mon cocon de col blanc. J’ai pris un vélo et pendant un an et demi, j’ai traversé une quarantaine d’Etats et parcouru environ 12.000 miles. Ce fut un voyage incroyable. Je n’en ai pas fait un roman mais j’ai des histoires pour toute une vie : je me suis perdu dans le désert en Utah, en Californie, j’ai failli me faire tuer par un Indien Ute qui venait de passer sept ans en prison pour meurtre, j’ai vécu avec une famille Amish en Pennsylvanie, je pourrais vous en raconter tant d’autres. »

« Depuis tout jeune, j’avais imaginé l’Amérique de Kerouac et de Cassady ; c’était complètement différent, mais c’était tout simplement fantastique. Un jour, j’écrirai à ce sujet, peut-être. Pas tout de suite. » En 1988, il retourne au Texas pour travailler dans un ranch destiné à réinsérer les délinquants juvéniles. « J’ai fait la connaissance de mon ami Terry Cooper, une de plus grandes influences sur mon existence, sur mes lectures, sur mon approche de la vie. On travaillait avec des jeunes qui venaient de foyers brisés ou qui avaient eu des problèmes avec les autorités. Je m’occupais d’un programme qui confrontait ces jeunes à la nature : trois mois dans les montagnes. C’était incroyablement dur mais c’était magique. Tous les soirs, sous les étoiles, je lisais des histoires à ces petits durs. L’Attrape cœur de Salinger ou L’Oiseau canadèche de Jim Dodge. »
« Vingt ans plus tard, je reçois toujours des lettres des jeunes. Certains sont retournés en prison mais la plupart s’en sont sortis. C’était une époque incroyable pour moi. J’ai écrit deux livres qui n’ont pas été publiés - et qui, moi vivant, ne le seront jamais. »

Après cette expérience, Colum McCann s’inscrit à l’Université du Texas. « Une nouvelle vie : je suis devenu barman sur Guadalupe Street. C’était la ville, j’étais plus mature, j’avais vingt-cinq ans et je m’éclatais vraiment à l’université. Les cours d’Anglais, bien sûr, mais aussi les autres matières, l’astronomie, la physique, etc... Ma curiosité était sans limites. C’était super. »
« C’est à cette époque que j’ai rencontré Allison (son épouse), pendant un séjour à New York. J’ai fait sa connaissance un soir et le lendemain, j’ai attendu des heures qu’elle descende du train. »
Ils se marient en 1992 et partent au Japon où Allison fait des études. « Ce n’est pas mon endroit préféré sur terre mais j’y ai rencontré des gens fabuleux. Et puis il y a une grande qualité de silence, une sorte de vide propice à l’écriture. J’ai beaucoup travaillé. J’ai fini mon recueil de nouvelles, La Rivière de l’exil, que j’avais commencé au Texas, et j’ai commencé mon premier roman, Le Chant du coyote. »

En 1994, le couple rentre à New York. Ils ont trois enfants - Isabella, John Michael et Christian. Allison est enseignante dans une école du West Side. Colum McCann est l’auteur de cinq romans, Le Chant du coyote (Marval, 1996 ; 10/18, 1998 ; rééd. Belfond, 2007), Les Saisons de la nuit (Belfond, 1998 ; 10/18, 2000 ; rééd. Belfond, 2007), Danseur (Belfond, 2003 ; 10/18, 2005 ; Pocket, 2008), Zoli (Belfond, 2007 ; 10/18, 2008) et Et que le vaste monde poursuive sa course folle (Belfond, 2009), ainsi que de deux recueils de nouvelles, La Rivière de l’exil (Belfond, 1999) ; 10/18, 2001 ; rééd. Belfond, 2007) - prix Rooney littérature irlandaise en 1994 - et Ailleurs, en ce pays (Belfond, 2001 ; 10/18, 2003 ; rééd. Belfond, 2007), dont l’adaptation cinématographique par Gary McKendry, sur un scénario de Colum McCann, a été nommée aux Oscars 2005 dans la catégorie meilleur court-métrage.

« Je suis incroyablement gâté. J’habite à New York mais la voix de l’Irlande résonne partout. Si je devais me présenter, je dirais que je suis un auteur international. J’ai eu la chance de connaître tellement d’autres vies - j’ai vécu avec les sans-abri dans les tunnels du métro new-yorkais, j’ai rencontré les danseurs du Kirov à Saint Petersbourg, je suis allé à la rencontre des Roms dans des camps en Slovaquie... c’est mon boulot. Je ne changerais rien. Je ne le referais pas non plus, il y a tant à faire encore... »

P.S.

www.colummccann.com