Jacques Villeglé rencontre dès 1945 Raymond Hains, ils feront partie des membres fondateurs du mouvement des Nouveaux Réalistes avec Yves Klein, Jean Tinguely, César, Arman... C’est à partir de février 1949 que Jacques Villeglé a su développer au travers de l’usage presque exclusif d’un matériau unique - l’affiche lacérée - une œuvre foisonnante et d’une étonnante richesse formelle. Aujourd’hui âgé de 87 ans, il est un artiste français majeur.
C’est en adoptant et en revendiquant la position du flâneur qu’il est devenu l’historien de la vox populi, de la poésie et des déchirements de la rue. On se souvient des affiches lacérées politiques, celles qui parlaient de Mai 68 (il faut dire qu’à cette période l’affichage donnait matière !), ou encore des portraits officiels de candidats à la présidence de quelque chose. Toutes ses œuvres portent en elles des témoignages sur notre époque, sur nos mœurs, nos goûts, nos aspirations ; et se présentent, c’est le critique d’art Pierre Restany qui l’écrivait, comme des « relais sociologiques ».
Collecteur et collectionneur des graffitis et lacérations, Jacques Villeglé se place ainsi dans le sillage des artistes romantiques, interprètes de l’âme populaire au XIXème siècle et intermédiaires de l’inconscient collectif.
Mais Villeglé n’est pas seulement le « lacérateur anonyme », car à partir de 1969, il crée un alphabet socio-politique. Composé de façon provocatrice avec les symboles récents des forces étatiques, idéologiques, tyranniques et destructrices mais également avec des signes et graphies prélevés sur les murs des villes. Ce langage socio-politique marque un changement de processus par le réinvestissement personnel de l’artiste dans l’usage d’un répertoire protéiforme et codé, à chaque fois minutieusement réfléchi et mis en scène. Ce n’est plus l’unité du monde, l’universalité et l’immédiateté dans l’espace de grands formats lacérés qui motivent l’artiste, mais davantage l’unité des civilisations et l’épaisseur des temps immémoriaux, gravées dans la mémoire collective, et sans cesse en évolution.
Pour sa troisième exposition à la Mauvaise Réputation, Jacques Villeglé a choisi de présenter une sélection d’une trentaine de ses plus belles sérigraphies. Datées de 1971 à 2013, elles mettent en évidence les différentes facettes de son œuvre. On y découvre donc, tantôt le Villeglé « ravisseur » d’affiches, qui s’ingénie à prélever des lambeaux d’événements, d’informations ou d’actualités, tantôt le collecteur de tous ces signes dont il a constitué son alphabet socio-politique. Toutes ses estampes misent bout à bout, Panachées, montrent et constituent une grande fresque historique, celle de notre époque.
Liens : 
villegle.free.fr www.cortexathletico.com www.oplineprize.com 
