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EXPOSITION 04.05 - 08.06.2019

RAINIER LERICOLAIS
CUT UP


VERNISSAGE VENDREDI 3 MAI À 18H

Le mardi 16 avril 2019



« La conscience est un cut-up, la vie est un cut-up. Chaque fois que vous marchez dans la rue ou que vous regardez par la fenêtre, le flux de votre conscience est coupé par des facteurs aléatoires. »

William S. Burroughs, The Fall of Art.


Rainier Lericolais, WSB, 2019
peinture et graphite sur papier, 60 x 50 cm
Courtesy Galerie Thomas Bernard, Paris



Au début des années 2000, Rainier Lericolais expose à plusieurs reprises à Bordeaux, Galerie Decimus Magnus avec Jean-François Dumont, puis Galerie Cortex Athletico. Aujourd’hui, avec l’exposition CUT UP , il signe un très plaisant retour sur la scène artistique bordelaise avec une série de dessins inédits, une sculpture et une édition musicale spécialement réalisée pour l’occasion.

Rainier Lericolais est né en 1970 à Chateauroux, il vit et travaille à Paris. Plasticien et musicien, son travail explore et exerce les liens, les cheminements entre lignes, formes, couleurs et musique comme recherche permanente. Ces œuvres sont avant tout graphiques, le dessin en est le cœur, en toute simplicité, elles sont chics, gracieuses et délicates.

Pour l’exposition CUT UP il emprunte à la littérature et à l’avant-garde des artistes modernes les principes du cut-up, comme à la musique la technique du sampling. Il mixte et re-combine les formes et les images à l’infini, au gré de ses influences et de ses rencontres. Il dessine, il sculpte, il colle, il compose.

Le cut-up est inventé par William S. Burroughs et Brion Gysin à la fin des années 1950. Il naissait dans un petit hôtel, le Beat Hotel qui se trouvait rue Gît-le-Cœur, dans le 6ème arrondissement de Paris. Là transitait la bohème américaine et Burroughs y créait alors un véritable laboratoire d’écriture. Il y retrouvait le peintre et poète Brion Gysin qui travaillait à l’époque sur des expérimentations de collages picturaux. Ce dernier procédait en découpant au cutter des feuilles de papier journal placées sous la feuille de dessin qu’il était en train de découper.

Le cut-up est certes un collage, mais c’est tout à la fois une pensée du langage, une lutte contre le conditionnement des individus, une direction, une libération de la linéarité automatique de l’écriture, de la propre condition de l’être, en découvrant en chacun sa propre singularité chaotique, existentielle. S’inscrivant dans cette histoire, Rainier Lericolais utilise des caches en papiers découpés afin de travailler le corps de la forme et de la contre-forme, puis il glane dans des livres ou sur internet des éléments qui vont constituer la composition de ses dessins. Il puise son inspiration dans une contre-culture musicale encyclopédique et dans une approche de la littérature, de l’art et du cinéma à la fois curieuse et éclectique. Par l’entremise de l’informatique, il colle les formes, alors seulement intervient la main, celle qui tient la mine de plomb, celle qui transporte les formes qui deviennent alors des éléments (souvent féminins) à la fois présents et absents, comme différés, différents et définis par l’itérabilité : « Cette trace, n’est pas seulement disparition de l’origine, (...) l’origine n’a même pas disparu, (...) elle n’a jamais été constituée qu’en retour par une non-origine, la trace, qui devient origine de l’origine ».
De la grammatologie, 1967, Jacques Derrida.


Rainier Lericolais, Sans titre, 2019
peinture et graphite sur papier, 60 x 50 cm
Courtesy Galerie Thomas Bernard, Paris



Dans ces dessins grands formats, Rainier Lericolais introduit la peinture, couleur frottée, délicate masse de brouillard qui intervient dans le fond, absorbant et repoussant la forme, donnant force et vibration à la ligne.

Les dessins de Rainier Lericolais ont ceci d’essentiel qu’ils montrent le caractère intemporel du cut-up dans l’histoire des différents courants artistiques, philosophiques, permettant à celui qui les observe de s’inscrire dans le présent des mondes, dans des conflits du dedans comme du dehors, quelles qu’en soient les écritures, les sens, l’Histoire.
CUT UP, un possible chaotique à la fin des infinis humains.


Exposition en collaboration avec la galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico.

Florence BEAUGIER