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ON NE BADINE PAS AVEC LE CIEL THOMAS LANFRANCHI PIERRE-LIN RENIÉ 18.06 - 31.07.21 par Florence BEAUGIER,
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On l’observe, on le scrute, on le contemple on s’y perd mais on ne badine pas avec le ciel ! Telle est la maxime-titre de la nouvelle exposition proposée par la galerie La Mauvaise Réputation. Elle réunit les artistes français Pierre-Lin Renié et Thomas Lanfranchi pour une exposition emplie d’allégresse. Il y est question de l’étude du ciel, du paysage. Ce sera le nuage pour Pierre-Lin Rénié qui réussit en le scannant à lui donner une nouvelle dimension, et, pour Thomas Lanfranchi, il s’agira de sculptures volantes, de formes réalisées avec du plastique et du scotch emportant ainsi le ciel et le paysage dans une dimension sculpturale. Attention, à la fausse légèreté de cette thématique céleste car, étudier le nuage et le ciel c’est étudier l’histoire de leur représentation.
Thomas Lanfranchi et Pierre-lin Renié mènent ainsi une réflexion ancrée dans l’histoire de l’art, de Mantegna à Poussin, d’Eugène Boudin à Magritte, de Mondrian à Malevitch, de Richard Long à Alfred Stieglitz... Les deux artistes prouvent dans cette exposition qu’ils possèdent cette forte et délicate singularité artistique dont il s’agit pour chacun de nous de s’approcher avec félicité.
On ne badine pas avec le ciel Incipit, par un aiguilleur impromptu. « Et de là vient que les fils de la terre, A présent, boivent le feu céleste sans danger. » * La galerie La Mauvaise Réputation rouvre son espace aérien : les artistes Pierre-Lin Renié et Thomas Lanfranchi assurent la liaison : On ne badine pas avec le ciel ! La visiteuse et le visiteur n’ont pas à bien se tenir, le lieu est l’habitacle ultraconfortable du voyage. Et libre à nous d’aller-et-voir dans la travée, photographies et scanographies exposées. En guise de plan de vol, les œuvres de Thomas Lanfranchi montrent la direction que prend le vent dans le paysage aujourd’hui. Pâtures imperturbables, bovines qui nous regardent et au loin, au-dessus du vert locus terribilis, des traines de nuages annoncent l’envol imminent. Le manche à air délire et le chromo vacille. L’artiste, lui, a déjà grimpé en haut de l’escabeau de surveillance sur la piste post-organique d’un bord d’océan. Soyez tranquilles : il ne tombera pas. Nous décollons ! Ça y est, un 360° a fait se retourner notre corps et notre cou dans les nuages ! S’étend alors devant nos yeux l’horizon scopique que Pierre-Lin Renié a composé en 24 vérités aveugles et parodoxalement démesurées, qui s’étendent tout en douceur sur le mur du son de la galerie silencieuse. Sans ceinture pour me retenir, je me rapproche. Et en un instant, l’œil collé aux 24 hublots, je passe de 2 500 à 10 000 mètres, des cumulus aux cumulonimbus. Rassuré en voyant du coin de l’œil que Lanfranchi ne signale toujours rien depuis la piste, je replonge pour un tour dans la douce ouate. Le vol peut continuer, l’esprit et les fesses confortablement caressés. Après avoir été collés au sol pendant des mois comme des Gulliver regardant le seul horizon de nos casemates, ce transport amoureux millimétré par La Mauvaise Réputation offre un détour par-delà les limites franchissables du paysage, en l’occurrence celui du ciel. Le duo Renié/Lanfranchi, réuni pour l’occasion, remet littéralement à plat les belles et épaisses profondeurs de Nicolas Poussin. Inspirez ! Ainsi, nous pouvons nous oublier sans retenue dans cette méditation aérienne actionnée par les artistes, avec l’esprit cependant taraudé par cette poétique énigme que revêtent l’agencement de leurs œuvres et le pourquoi de leur destination. Vincent Gérard Cinéaste et commissaire d’exposition indépendant * Fantaisie du soir (extrait) - Friedrich Hölderlin - 1840
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